Mise en conformité RGPD : un impératif stratégique pour les startups
Depuis l’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD) en mai 2018, toutes les entreprises qui manipulent des données personnelles doivent se conformer à un cadre strict. Les startups ne font pas exception à cette règle et, bien que la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) ait initialement adopté une approche pédagogique, elle n’hésite plus désormais à prononcer des sanctions. Dans ce contexte, il est indispensable pour les jeunes entreprises d’anticiper les exigences du RGPD et d’adopter de bonnes pratiques afin d’éviter des risques juridiques et financiers.
Décryptage par les avocats spécialistes RGPD du Cabinet DJS Avocats.
Le RGPD concerne-t-il votre startup ?
Le RGPD a pour objectif de protéger les données personnelles des citoyens européens en encadrant leur collecte, leur traitement et leur conservation. Toute information qui permet d’identifier directement ou indirectement une personne physique est considérée comme une donnée personnelle : nom, prénom, adresse e-mail, données de localisation, comportement d’achat, adresse IP, numéro de téléphone, et historique de navigation.
Certains exemples concrets incluent les bases de données clients qui contiennent des informations de contact, les systèmes de suivi des employés en entreprise, ou encore les plateformes de e-commerce qui stockent des informations bancaires. La prise en compte de ces données est essentielle pour respecter les obligations de conformité imposées par le RGPD.
Contrairement à une idée reçue, la taille de l’entreprise n’a aucune incidence sur son obligation de conformité. Que votre startup soit en phase de démarrage ou en pleine croissance, si elle collecte des données personnelles dans le cadre de son activité, elle doit respecter les règles du RGPD.
Le règlement s’applique à toutes les entreprises établies dans l’Union européenne ou qui ciblent des citoyens européens, même si elles sont basées à l’étranger. Ainsi, une startup française qui vend des services à l’international est tout aussi concernée qu’une entreprise américaine qui propose ses services en France.
Comment cartographier et gérer les données personnelles ?
L’article 30 du RGPD impose aux entreprises de tenir un registre des traitements de données personnelles. Cet outil de pilotage recense :
- le type de données collectées ;
- leur finalité ;
- les personnes qui ont accès à ces données ;
- leur durée de conservation ;
- les mesures de sécurité mises en place.
Ce registre est indispensable pour servir de preuve en cas de contrôle de la CNIL. Il permet également d’optimiser la gestion des données et de garantir une plus grande transparence vis-à-vis des utilisateurs.
Données sensibles : quelles sont les obligations particulières ?
Certaines informations sont qualifiées de « données sensibles » par le RGPD. Il s’agit notamment des données relatives à l’origine ethnique, les opinions politiques, les convictions religieuses, l’appartenance syndicale, la santé ou l’orientation sexuelle d’une personne.
Leur traitement est strictement encadré et ne peut se faire que dans des cas précis :
- avec le consentement explicite de la personne concernée ;
- s’il s’agit d’une obligation légale ;
- en cas de nécessité impérative pour la sauvegarde de la vie humaine ;
- dans l’intérêt public, sous contrôle de la CNIL.
Les startups qui manipulent ce type de données doivent redoubler de vigilance et mettre en place des protocoles renforcés pour garantir leur sécurité.
Consentement et transparence : des obligations incontournables
Le RGPD met un point d’honneur à renforcer les droits des utilisateurs en leur accordant un contrôle total sur leurs données personnelles. À ce titre, leur consentement doit être :
- Libre : sans contrainte ou obligation.
- Spécifique : donné pour un usage déterminé.
- Eclairé : l’utilisateur doit être pleinement informé.
- Univoque : il doit résulter d’une action explicite (ce qui exclut les cases pré-cochées).
Le retrait du consentement doit être possible à tout moment et les entreprises doivent pouvoir prouver qu’elles ont bien obtenu cet accord.
En parallèle, la politique de confidentialité et les conditions d’utilisation doivent informer les utilisateurs des modalités de collecte et de traitement des données. En la matière, une politique de confidentialité claire et accessible est essentielle pour garantir la transparence et le respect des obligations légales.
Les cookies et autres traceurs nécessitent également un consentement préalable explicite.
Les entreprises doivent s’assurer que les utilisateurs peuvent accepter ou refuser ces dispositifs facilement et à tout moment. L’affichage d’un bandeau de consentement aux cookies lors de la première visite sur un site web est devenu une norme incontournable en conformité avec le RGPD.
Faire appel à des sous-traitants : quelles sont les précautions à prendre ?
Bon nombre de startups collaborent avec des sous-traitants (fournisseurs cloud, agences marketing, prestataires IT). L’article 28 du RGPD impose aux entreprises de ne s’associer qu’avec des partenaires qui garantissent une protection adéquate des données personnelles.
Il est donc essentiel de :
- S’assurer que le sous-traitant respecte les exigences du RGPD : cela passe par une évaluation de sa politique de protection des données et de ses certifications éventuelles.
- Encadrer la relation contractuelle : le contrat de sous-traitance doit détailler les engagements du prestataire, notamment sur la sécurité des données, les obligations en cas de violation et les modalités d’accès aux données.
- Contrôler régulièrement la conformité : il est recommandé de mettre en place des audits ou des contrôles périodiques pour vérifier le respect des engagements du sous-traitant.
En cas de manquement du sous-traitant, la responsabilité de l’entreprise qui fait appel à lui peut être engagée. Il est donc primordial de ne pas se limiter à une simple clause contractuelle, mais d’assurer un suivi constant des pratiques mises en œuvre par les partenaires.
Pourquoi le RGPD est un atout pour votre startup ?
Au-delà des risques de sanctions (jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires mondial), la mise en conformité au RGPD offre des avantages stratégiques :
- Renforcement de la confiance des clients : une entreprise qui respecte scrupuleusement la protection des données inspire davantage confiance.
- Optimisation des données collectées : réduction des informations stockées aux seules nécessaires et gestion facilitée.
- Avantage concurrentiel : à l’heure où la protection des données devient un critère de choix pour les consommateurs, une startup en conformité avec la législation tire son épingle du jeu.
Toutefois, ne pas respecter ces obligations peut entraîner des conséquences lourdes. En plus des amendes financières, une sanction de la CNIL peut être rendue publique et porter un coup sérieux à la réputation de l’entreprise. Un manquement au RGPD peut ainsi nuire à l’image de marque et dissuader de potentiels clients ou investisseurs.
La mise en conformité RGPD n’est pas une contrainte, c’est un véritable levier de crédibilité et de compétitivité pour les entreprises de demain.
Pour approfondir ces notions, nous vous invitons à consulter l’article publié par Captain Contrat.